MISSION DE REALISATION D’UNE ETUDE DE FAISABILITE DE LA PRODUCTION ET CONSOMMATION D’ESPECES FRUITIERES ET ALTERNATIVES ET MISE EN MARCHE DE PEPINIERES FORESTIERES DANS LA ZONE D’INTERVENTION DE CARITAS – MAURITANIE.

Maitre d’ouvrage: CARITAS

Années: 2016

En rapport avec la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des capacités de résilience des populations rurales, Caritas Mauritanie, avec le concours de Caritas Espagne, a initié une étude de faisabilité de production et consommation d’espèces fruitières et alternatives et mise en place d’une pépinière forestière. L’étude a consisté en un diagnostic des systèmes de productions des coopératives maraîchères dans la zone du projet en vue de proposer une stratégie d’action cohérente et raisonnée. A cet effet une caractérisation socio-économique des coopératives maraîchères combinée avec une analyse des ressources biophysiques et agronomiques des périmètres maraîchers ont permis de cerner les forces, faiblesses, opportunités et menaces des systèmes de production, de formaliser les constats et formuler des conclusions en vue de répondre aux objectifs de la mission. L’étude fait ressortir le potentiel important en terre agricole au niveau des sites visités. Les ressources édaphiques sont composés pour la plupart de sols sablo-limoneux ou sabo-argileux du lit mineur du Gorgol noir ou de ses affluents et submergés en partie à chaque crue et sont très favorable aux cultures maraichères. Le manque de compostage et d’amendement humifère qui consiste la base du complexe absorbant, couplé avec l’absence de brise-vent et de techniques culturales adéquates favorisent l’érosion hydrique et éolienne des sols et par ricochet leur appauvrissement.
La zone d’étude est densément arrosée par le Gorgol noir et ses affluents mais suite au déficit pluviométrique récent, plusieurs cours d’eau se sont taris tandis que d’autres ne disposent d’eau que temporairement. Ce qui constitue un ralentissement voir un déclin de l’activité maraichère dans plusieurs sites du projet (Bachatt1, Bachatt2, NDoula, Lezib, Edebaye Lemseigueum, Gate Watya et Edebaye El Vedra). Par ailleurs, à l’exception des coopératives des localités de Kouéidé, Debay Vraladoum, Mbeydiyad Ould Ely qui sont dotés d’une exhaure solaire, le mode de prélèvement manuel de l’eau reste la stratégie la plus partagée dans les coopératives. Cette technologie surannée et inefficiente constitue une perte de temps énorme et une contrainte pour la satisfaction des besoins en eau des parcelles.
Sur le plan foncier, certaines coopératives de femmes (Tintrame, Mbaidiyat Ould Ely et Awcheikiche) ne sont pas propriétaires de leur terre, ce qui constitue une certaine discrimination et un frein à l’introduction d’espèces pérennes dans ces périmètres.
De même le manque d’encadrement et d’accompagnement des coopératives qui se traduit par la méconnaissance des techniques horticoles, des produits phytosanitaires et leurs doses, l’ignorance des techniques d’irrigation à faible coût, la méconnaissance des variétés des différentes espèces et le manque de semences de variétés adaptées, l’ignorance des modes de conservation in situ des semences surtout pour les variétés locales (melon, aubergine amer, courgette, tomate cerise, gombo) constitue un frein à l’émergence d’une agriculture rentable et compétitive.
L’agriculture est réduite aux activités familiales avec une technologie très élémentaire. Les coopératives, quoique réunis au sein d’organisations paysannes bien structurées et cohérentes, semblent travailler sans stratégie quant à la diversification des produits, l’approvisionnement en intrants et la commercialisation. Du coup, la rentabilité de l’activité devient hypothétique, ce qui débouche sur une impossibilité à financer l’agriculture par l’agriculture et, par conséquent, en un entretien de la pauvreté dans une sorte de cercle vicieux. Bref, c’est plutôt une agriculture empirique de survie, qu’une véritable activité professionnelle génératrice de revenus.

Malgré l’absence d’encadrement de l’état, la faiblesse des moyens, la cherté des intrants et la pénibilité du travail, les coopératives visitées dans leur quasi-totalité ont tiré leur épingle du jeu en faisant une production plus ou moins satisfaisante lors de la dernière campagne maraichère. Cela prouve la détermination, l’engagement et l’intérêt qu’elles portent dans le domaine des activités maraichères. Ces efforts sont à saluer et à encourager par le projet.

Le projet d’introduction de nouvelles spéculations fruitières, forestières et fourragées a été salué par les coopératives dans leur globalité. Le déficit fourrager et les enjeux économiques de commercialisation des fruits semblent être une bonne opportunité pour les coopératives à accompagner cette nouvelle stratégie.
En somme, face à cet ensemble de défis, une intervention visant à améliorer la sécurité alimentaire et l’amélioration des capacités de résilience des populations rurales par l’introductions d’espèces forestières, fourragères et fruitiers dans un tel environnement devrait mettre un accent sur le renforcement des capacités techniques et stratégiques des coopératives maraîchères en combinaison avec les interventions d’appui technique.